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Podcast

“Ce qui était un défaut, la radinerie, j’en ai fait un business”, Marc Mazière, Radin Malin.

By 15 avril 2024mai 9th, 2024No Comments

Marc Mazière, premier invité de la saison 2 du Podcast AD MIRARE

Vous connaissez peut-être Marc Mazière, radin assumé et créateur du Blog Radin Malin.

Marc grandit dans une famille qui galère financièrement. Ses parents sont surendettés, sa mère en outre est non-voyante. On imagine bien les difficultés du quotidien, les traumatismes. Après la fac, Marc cherche un emploi sans succès et se retrouve au RSA. À ce moment-là, première astuce de Radin-Malin, il réussit à faire financer le permis de conduire par Pôle Emploi. Puis Marc fait un constat : il n’a plus envie d’être un « galérien »

Il décide de réfléchir à ce qu’il pourrait faire pour ne plus jamais manquer. Sans surprise, cette peur est au cœur de sa vie et du business qu’il a su créer. Dans son enfance, il manque de tout, comprend que la vie des autres sans être plus facile est sans doute plus douce : « Je vois qu’ils ont une voiture, qu’ils partent en vacances… ». Marc aime les jeux de gestion, il a toujours aimé ça. Dès son plus jeune âge il emmène — et emmène toujours — sa mère faire les courses. Il s’amusait à comparer les prix, trouver la meilleure promo afin d’en avoir un maximum pour son argent. Il a appris à être radin parce qu’il en avait besoin. De son père, Marc retient la débrouillardise et l’astuce. En réunissant les deux traits, et avec un peu de malice et de légèreté, il choisit pour son blog le nom de Radin Malin.

Logo Blog Radin Malin Marc Maziere Podcast Ad Mirare

Mon Admiration pour le créateur du Blog Radin Malin

Les raisons de mon admiration se résument en 2 points : la lucidité de Marc sur sa condition de Radin et sa conscience profonde de la valeur de l’argent. Deux sujets que nous avons abordés ensembles.

Être conscient d’être radin a permis à Marc de ne pas devenir un cliché

En être conscient, pour chaque chose, c’est ouvrir la possibilité d’une évolution. Être conscient de sa radinerie c’est aussi se donner la possibilité de se balader sur le curseur : radin, économe et consommateur malin selon les mots de Marc en fonction de la situation, des personnes… L’étape numéro 1 étant de l’accepter, de l’assumer avec soi-même. Or, Marc nous parle de son expérience, de la difficulté à assumer ce qui pour beaucoup de gens est plus qu’un défaut, être radin pour beaucoup de gens est une insulte.

Radin c’est un gros mot, une insulte, comme beauf ou raciste. Personne ne va se revendiquer d’être radin, beauf ou raciste.

Marc Mazière

Assumer auprès des autres que l’on est radin c’est commencer à évoluer

L’étiquette c’est toujours les autres qui nous la collent. Ce sont les moments où nous pouvons ressentir de l’injustice, de l’incompréhension ou de la solitude. Mais Marc a eu l’honnêteté de se confronter au regard de l’autre pour faire son introspection et se demander : dans quelle mesure est-ce que je suis radin ? Il a vite compris que s’il voulait une vie en société, il ne pouvait pas appliquer son rapport à l’argent aux autres. Radin pour lui même mais pas avec les autres, les radins supportables en somme. C’était l’étape 2, assumer ce que l’on est auprès des autres et arbitrer des limites de comportements pour vivre en harmonie avec ses proches. Comme son trait de caractère est conscient et accepté, Marc travaille désormais à être de moins en moins radin avec lui-même.

Ce chemin, comme tout acceptation de soi, ne se fait ni sans effort, ni sans souffrances. Dans une société d’opulence le radin est mal perçu. C’est l’inverse, la dépense, qui est vue comme socialement acceptable. D’ailleurs les nouveaux moyens de paiement comme Apple Pay ou Google Pay fonctionnent comme un jeu : on dégaine, on double clique et on a une validation musicale qui rappelle les théories du conditionnement opérant. C’est presque fun de payer et de dépenser.

Marc à l’inverse recommande de vivre en dessous de ses moyens pour réussir à épargner, ne serait-ce qu’une infime partie de ses revenus. Cette épargne peut alors être investie ou servir de matelas en cas de difficulté. C’est sa stratégie de vie. Progressivement constituer un capital et s’affranchir du besoin de travailler pour subvenir à ses besoins. Sujet à la mode qui ne suggère jamais la possibilité d’exercer un métier qui nous épanouisse tout en générant des revenus. C’est logique, s’accomplir professionnellement, particulièrement dans un domaine qui nous plait, demande de travailler sur soi pour mieux se connaître puis sur son business pour le rendre rentable. Nous avons à ce moment là évoqués les influenceurs de la gestion financière qui vantent leur modèle pour vendre des formations mais oublient de mentionner qu’ils ne tirent pas leurs revenus de leurs investissements ou prétendues expertises mais des contenus et de l’influence qu’ils monnayent. Ce qui me gène personnellement dans ce type d’approches, au delà du discours « baguette magique » qui laisse entendre qu’il y a une recette pour devenir riche rapidement ou sans effort… c’est que la vie ne soit tournée que vers l’accumulation insensée de zéros abstraits. À force de ne recherche l’argent que pour l’argent on finit par perdre de vue ce qu’est l’argent et à quoi il peut nous servir. On finit par oublier de se demander ce que nous désirons vraiment pour notre vie.

Quel sens Marc donne-t-il aux choses et à l’argent ?

Je lance le sujet de la déconnexion du prix des objets de leur valeur intrinsèque et je sens Marc trépigner. Je lui donne l’exemple des coques de téléphones, il me donne celui des bières artisanales. Dans les deux cas, ces produits sont vendus à des prix complètement déconnectés de leur valeur réelle. Le pire étant le marketing associé qui fait culpabiliser celui qui consomme différemment, comme un beauf (encore), comme un zadiste, comme un ringard… Ce phénomène creuse d’autant plus l’écart des richesses et l’expérience de la vie qu’une coque de téléphone à 60€ ou une bière à 10€ représente une somme négligeable pour les plus à l’aise financièrement mais une somme importante pour un étudiant ou une personne percevant un bas salaire.

« Le bonheur, c’est de continuer à désirer ce qu’on possède »

Saint-Augustin

La désirabilité créée par le Marketing, éphémère et saisonnière nous fait acquérir trop cher des objets que nous ne désirons pas vraiment mais qui sont dans l’air du temps. Puis nous nous en débarrassons aussi vite sur Vinted pour un dixième du prix. Plus on a fait l’expérience de soi et plus nos actes d’achat se tournent vers des objets qui satisfont un désir plus profond et plus personnel moins soumis au renouvellement permanent. Ce qui pose la question suivante : Quelle mode de vie me correspond ? Quelle expérience de la vie j’ai envie de faire ? Et pour cela de quoi ai-je besoin ou envie ? Quel projet de vie je forge pour faire ce chemin ?

Moins on se connait et plus on assouvit des désirs fabriqués par le marketing.

Mickaël Marinho

Marc Mazière avant… et après Radin Malin

J’interroge Marc sur sa névrose (expliquée ici en vidéo). Bien sûr, il y a la peur de manquer déjà évoquée. Mais Marc a cheminé déjà. Il ne panique plus à chaque fois qu’il doit faire une dépense. Il ne cherche pas à profiter des autres ou de la situation pour que lui dépense moins. Comme déjà évoqué, que ce soit la conséquence des années de travail sur le blog ou sur lui-même, Marc n’applique sa névrose qu’à lui-même et de moins en moins. Aujourd’hui, est-ce qu’il prend plaisir à contrôler ses dépenses ou à s’autoriser de consommer ce qui lui fait envie ? Marc est clair, c’est la deuxième option qu’il cherche patiemment à prendre. Pour le dire différemment, Marc cherche progressivement à ce que l’espace de vie qu’il s’autorise ne soit plus (moins?) réduit par la radinerie.

Pour cela deux chemins sont possibles, travailler sur le détachement de la peur de manquer ou se mettre à l’abri du besoin. Marc fait un peu les deux dans la pratique. Son but d’ailleurs c’est d’avoir assez d’argent pour ne plus être esclave de la peur de ne pas en avoir assez. Je questionne Marc alors sur ce qu’il désire, de ce dont il rêve pour le moment où il sera détaché de l’obligation de travailler. Je me demande si son désir profond est de ne plus manquer ou si c’est seulement sa peur majeure. Alors, la peur éteinte il pourrait travailler à rechercher ce qui lui permettra d’être pleinement lui-même. Je pense aux mots de René Char qui sont au cœur de la 7ème Orange.

Vivre, c’est s’obstiner à achever un souvenir.

La parole en archipel, René Char

Alors quel souvenir Marc va-t-il tenter d’achever ? Il ne le sait pas encore. Ce sera probablement l’étape suivante quand il sera complètement dégagé de la radinerie. Et comme l’évoquait Élise Fajal dans l’épisode 5 de la Saison 1, alors la vie pourra commencer.

L’épisode d’AD MIRARE avec Marc MAZIERE en bref

Nos plus grandes blessures nous définissent mais il n’appartient qu’à nous d’être déterminé par elles ou d’en faire des forces.

En résumé et dit autrement :

  • Toute névrose née d’un traumatisme n’empêche plus de vivre avec les autres et avec soi à compter du moment où on en prend conscience et où l’on commence à l’accepter,
  • Plus on apprend à se connaître et plus on utilise son argent pour satisfaire des désirs réels qui nourrissent notre cheminement personnel.

Profiter des bons plan Radin Malin du moment

Pour aller plus loin

Écouter AD MIRARE Saison 2 Épisode 1

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